À l’heure où les joueurs assidus préparent leur venue à Essen enfle une nouvelle polémique. Faut-il boycotter la croisière ludique organisée par Capitaine Meeple? Je trouve curieux – mais pas inopportun – que les passionnés de jeu s’interrogent uniquement à cette occasion sur la portée écologique de leur loisir. Les kilos de plastique des figurines et les litres d’encre des plateaux ne suscitent pas de tels questionnements; pas plus que le transport des boîtes de jeu, pourtant essentiellement fabriquées en Chine et acheminées par cargos, reconnus comme l’une des pires sources de pollution de la planète. L’impact est-il moindre quand il est partagé entre des millions d’utilisateurs d’objets transportés par porte-containers qu’entre les quelques milliers de passagers d’un paquebot? Y aurait-il un degré de pollution admissible? Et si je ne vais pas sur ce bateau, que vais-je faire cette semaine-là? Laisser ma voiture au garage? Éviter d’utiliser internet? Ne sortir que des jeux Opla? Leur impact écologique, s’il est certes moindre, en devient-il acceptable?

Hélène Graveleau

(Cet édito est paru dans Plato magazine n°110 d’octobre 2018)