Il est pratiquement impossible de trouver des statistiques relevantes évoquant l’évolution du marché du jeu de société. Certes, dans notre petit monde, chacun s’accorde pour évoquer cette sorte de bouillonnement que l’on ressent mais que l’on peine à démontrer. Certains prennent pour témoins les réussites spectaculaires de quelques maisons d’édition, nées pour la plupart dans la première décennie de ce millénaire. C’est vrai que des Libellud, des Blue Orange, des Iello ou des Repos Prod n’ont guère plus que l’âge d’un adolescent. Et pourtant, elles illustrent parfaitement le dynamisme et la créativité du marché. Christian Lemay, le fondateur québécois du Scorpion Masqué, qui fait partie de ces start-up à succès, explique dans ces pages que, paradoxalement, l’enthousiasme grandissant pour les jeux est le fruit d’une singulière conjonction: une indigestion d’écrans et l’avènement des réseaux sociaux. Le public recherche plus de contact humain et les réseaux ont amplifié l’effet bouche-à-oreille, permettant à de nouveaux éditeurs, avec moins de moyens marketing, de se faire connaître dans une communauté qui s’élargit. Et il est vrai qu’une étude statistique présentée lors de la récente remise du prix du Jouet de l’année en Belgique, a permis de constater que si la croissance du secteur du jouet a tendance à se tasser en Europe, deux sous-secteurs restent en forte croissance: celui des figurines et celui des jeux de société!

Yves Cavalier

(Cet édito est paru dans Plato magazine n°121 de novembre 2019)