À l’heure du confinement, les initiatives pour réunir les individus autrement que par la rencontre physique se sont multipliées. Vue du milieu ludique, notre passion était évidemment un excellent moyen de rester en lien avec les autres: jeux en ligne, énigmes sur Concept, Objets trouvés ou autres jeux de communication, conseils pour pratiquer les Loups garous, Just one ou d’autres par le biais de la visioconférence. Quand on s’assied à une table avec des inconnus, notamment en festival, mais également en virtuel, il est délicieux d’avoir cette impression que le jeu permet de se rencontrer et de se connecter sans prérequis autre que l’envie de lancer des dés, de pousser des cubes, de deviner des mots. Pas que l’origine sociale, le genre, le handicap ne rentrent en rien dans les conditions de floraison de la passion, mais durant une partie, il est possible de s’en abstraire. Et les jeux sont eux-mêmes connectés entre eux: auteur, éditeur, inspiration mécanique, thématique… Ce numéro de Plato le montre une fois de plus, en explorant les autres titres de la maison Don’t Panic Games, ainsi qu’une autre production de J.B. Howell dans un dossier autour de Maraudeurs de Midgard. À Hollywood, on trouve le principe des degrés de Kevin Bacon: n’importe quel acteur pourrait lui être relié par ses rôles dans six films ou moins. En sciences, le nombre d’Erdös présente le nombre de séparations en termes de copublications entre un chercheur et ce mathématicien hongrois. Le monde du jeu a-t-il un «degré Bruno Cathala» ou un «nombre de Franz Vohwinkel»?
Unt’ Margaria
(Cet édito est paru dans Plato magazine n°126 de juin 2020)