Suite à l'intéressante discussion entamée à propos des réactions des lecteurs sur le numéro 43 de notre cher magazine, je vous propose de nous prêter au jeu des chroniqueurs sur la page top/flop.

Je vous propose trois items :

-Mon coup de cœur : le jeu de l’année qui m’a vraiment séduit(e). Cela ne doit pas nécessairement être un jeu édité cette année, ça peut être une découverte d’un ancien (même grand, avec des tentacules).
-Mon coup de chapeau : le travail sur tel jeu (recherche, graphisme, innovation…), l’initiative d’un club, l’organisation d’une manifestation, le travail d’un site web, le succès d’un jeu, etc.
-Mon coup de gueule : la déception de l’année, un jeu qui n’a pas tenu ses promesses, un énième report de date pour une sortie, un constat global sur l’industrie ludique, etc.

Toute la difficulté est de ne citer qu’une chose par catégorie. Evidemment, il ne s’agit pas de laver du linge sale mais de prendre la température globale. Les posts de chacun vont immanquablement influencer les suivants mais c’est le jeu.

Bienvenue évidemment aux chroniqueurs pour venir réitérer leurs choix fait dans le magazine, ou les modifier, ou les préciser…

Je commence donc :

Mon coup de cœur : A few acres of snow. Pourtant je n’ai que deux parties à mon actif car le jeu est exigeant : uniquement deux joueurs, impliqués, et le jeu peut-être potentiellement long. On est très loin des standards. Mais quelle claque ludique !

Mon coup de chapeau : Forcément ça fera un peu lèche botte, surtout pour le premier post, mais mon coup de cœur va à l’équipe de Plato qui a su relever le défi du magazine papier et en plus (re)devenir mensuel.

Mon coup de gueule : Les traductions de règles (ou même simplement leur rédaction parfois). On est dans le grand n’importe quoi. La palme revient cette année à Kingdom Builder qui réussi le pari improbable de confondre (entre-autre) « partie » et « tour de jeu ». Sortir un jeu multilingue c’est bien, mais si c’est quand même pour se taper internet et trouver les corrections et autres FAQ c’est vraiment se foutre de notre gueule. Autre exemple chez Edge cette fois, dans les règles de Rune Age on peut lire cette magnifique phrase : « Il incline horizontalement (incline horizontalement) les deux forteresses […] » Quelle poésie. Les règles mentionnent tout de même un traducteur et trois relecteurs. Sic.

A vous...

Salut Ingalls!
Merci pour tes commentaires concernant l'équipe de Plato.
Je joue le jeu et relance de trois:

Mon coup de coeur:Revolver: La chronique sortira prochainement, mais je dois dire que ce jeu m'a étonnamment surpris. Beaucoup de profondeur, d'interactivité et de tension, un thème très bien rendu et une course poursuite de tous les instants. il a entre autre avantage de proposer un prix très attractif pour la perle ludique qu'il représente. Une très belle découverte pour moi. Mais je n'en dis pas trop, tu verras ce que j'en pense dans un prochain numéro.

Mon coup de chapeau: Les demeures de l'épouvante: Au-delà des problèmes de traductions, coquilles et consorts, j'ai trouvé le jeu très immersif, avec un thème très présent. J'ai pu retrouver des sensations de jeu de rôles avec moins de temps de préparation et une facilité d'engagement pour des joueurs peu enclin à développer des personnages sur le long terme. Je vais pas trop m'étaler, j'en ai déjà dit pas mal dans ma chronique déjà parue dans un numéro précédent!

Mon coup de gueule: L'agressivité systématique que l'on rencontre sur certains forums (notamment Tric Trac pour ne pas citer l'une des références web-ludique la plus visitée). Je trouve désolant qu'Internet serve à se cacher derrière un clavier pour manquer de respect aux autres plutôt que d'échanger.. D'autant plus que le milieu ludique comme son nom l'indique a pour base l'amusement, la cordialité, le partage.

Pour rebondir sur le sujet original:

Mon coup de coeur 2011 va donc aussi à A Few Acres of Snow.

Mon coup de chapeau va à l'offre grandissante de sites qui permettent de jouer en ligne. Yucata, Brettspielwelt, boardgamearena...
Chacun de ces sites mettent à disposition de nouveaux jeux à un rythme effréné, et cela permet, les soirs où une soirée-jeux n'est pas une option, de malgré tout trouver son bonheur la télé éteinte.

Mon coup de gueule va à Lego, dont la gamme jeux de société, Heroica en tête, me semblait prometteuse, mais au final, rien d'intéressant ou presque à se mettre sous la dent. Triste.

Coup de coeur : tout comme M. Lionel, ce sera Through the Ages, un jeu qui m'a complètement passionné, et dont je trouve moi aussi le thème particulièrement parlant malgré un système de cube et de cartes, et pas de développement géographique à proprement parler (bizarrement par rapport à un Civilization avec ses découvertes territoriales qui m'a beaucoup moins embarqué dans son thème).

Coup de chapeau : à la fois Plato pour ramer à contre-courant et revenir au papier en ces temps de crise de la presse écrite, et l'industrie du jeu pour relever peu à peu ses standards et proposer des jeux au matériel de plus en plus chatoyant et agréable à regarder (à part Martin Wallace, mais je m'en fiche, j'en achète pas! )

Coup de "ça m'énerve" de j'aime pas : l'élitisme et le pédantisme de beaucoup d'internautes ou autres "geeks" (bouh, qu'il est vilain aussi, ce mot) qui pensent représenter LE jeu, à coup de "honnêtement", de "clairement" et de certitudes.

Mon coup de coeur 2011 reste l'extension Leaders pour 7 wonders, qui rajoute un soupçon de stratégie au jeu de base tout en restant fluide.

Un coup de chapeau à Vlaada Chvatil qui continue dans les jeux aux thèmes improbables et aux mécanismes originaux. Ce mec est un grand malade.

Mon coup de gueule va à l'encontre de (presque?) toute l'édition francophone. Pourquoi est-ce uniquement avec les éditeurs francophones qu'il y a des problèmes de matos? Carton qui gondole, socles pas adaptés aux silhouettes de personnages, cartes à l'usure ultra-rapide, dépunchage aléatoire, etc. Je n'ai jamais eu le moindre souci avec des jeux allemands. C'est quoi le problème? Il va falloir résoudre ça, messieurs, car vos jeux sont plus inventifs et originaux que les allemands, mais souvent tout est gâché par des soucis de matos.

D'accord que les Wallaces n'ont pas été parmis les beau dans le passé, mais la boîte de A few acres of snow est pour moi la plus belle de l'année, non, des dix ans passés. C'est le jeu qui (du point de vue de la boîte uniquement) m'a la plus donné envie de l'ouvrir (la boîte, pas ma gueule qui elle s'ouvre toute seule).

-Mon coup de cœur : Pour moi c'est sans conteste VINHOS. Je l'avais acheté à sa sortie mais avais eu ou créé jusqu'à récemment peu d'occasions de m'y mettre vraiment. Sa richesse et sa densité permettent un rendu thématique très fort, et il est finalement beaucoup plus accessible qu'il n'y paraît grâce à un travail d'ergonomie remarquable sur le plateau de jeu (qu'on pourrait comparer à celui effectué sur le plateau de Dungeon Lords). Vu qu'en plus le matériel est vraiment beau, c'est vraiment un sans faute pour moi et j'ai l'impression que tous ceux qui y ont goûté avec moi partagent assez unanimement mon ressenti.

-Mon coup de chapeau : aux auteurs et éditeurs qui continuent à réaliser des oeuvres à parti pris fort, quitte à ne pas viser le plus grand public possible. Quand on voit le temps et la quantité de travail nécessaires pour développer un "gros" jeu et le décalage à l'arrivée avec la taille du tirage, les perspectives de revenu engendrées, le temps moyen pendant lequel un jeu peut aujourd'hui tenir l'affiche et faire parler de lui, je trouve que la démarche est à mettre en avant (ce qui ne veut pas dire que tout le monde devrait aimer ce type de jeux ou qu'ils valent mieux que d'autres, mais c'est important que cette offre plus "ciblée" continue d'exister pour les joueurs)

-Mon coup de gueule : j'ai du mal à dégager quelque chose de particulier à ce niveau là sur le moment, j'éditerai mon message si ça vient

J'insiste, j'ai eu la chance de voir London en vrai chez un vrai Guique ( ) et je maintiens que je le trouve particulièrement moche. Quant à la couverture des arpents de neige, je suis d'accord qu'elle est fort jolie, mais je ne joue que très rarement avec la boîte d'un jeu (sauf pour Niagara et Cléopâtre).

J'ai d'ailleurs beaucoup aimé l'interview du gars Wallace et sa conception du business jeu m'a quand même bien fait froid dans le dos.

Sans déflorer la chronique du Disque-Monde qui viendra dans le prochain numéro, non seulement il est lui aussi assez beau, mais si ce genre de truc permet un A few Acres of Snow, ça me va parfaitement. Et puis, le cas de ce jeu est vraiment très intéressant: ni complètement une oeuvre de commande, pas vraiment une oeuvre personnelle, il amène plein de questions intéressantes sur son auteur et ses créations. Vous remarquerez au passage l'habile teaser (on se croirait sur le facebook de Plato!) Quant à sa vision des choses, elle est finalement assez lucide, non ? C'est un travail, c'est un marché, et ni l'un ni l'autre ne sont beau par essence, quel que soit le romantisme avec lequel on veut les regarder. Le plateau de London, lui, est super beau. Non, mais... t'es un fan de Menzel, c'est ça ?

Hi! Hi! Je l'attendais, celle-là!
J'avais bien aimé le plateau des Piliers de la Terre, parce que je n'avais rien vu de ce genre avant. Depuis, j'ai un peu fait une overdose du gars Menzel. Dernièrement, j'ai beaucoup aimé le traitement de Dr Shark, je trouve bien d'aller chercher d'autres illustrateurs pour mettre de la variété dans tout ça et de donner une vraie personnalité à un jeu (comme j'avais adoré la version américaine de 1960 the making of the president dans un tout autre genre) J'aimerais plus de variété dans les choix graphiques. D'autant que des illustrateurs formidables, des auteurs de BD, ce n'est pas ça qui manque. (et j'aimerais que la rubrique "plein les mirettes" en soit plus le reflet)
Je fais partie de ceux qui aiment qu'un jeu soit aussi une expérience visuelle, pas simplement du calcul.
C'est d'ailleurs ce que je reproche à Wallace (pardon "MaîÎître Wallace ), ses jeux n'ont pour moi aucune personnalité visuelle. Et son interview m'a fait l'effet de quelqu'un de pas très passionné mais plutôt calculateur, à la Knizia. Et ça, ça m'énerve un peu, même si je sais très bien qu'on ne vit pas à Bisounours Land.