Vous êtes-vous déjà posé cette question: « Jouer, est-ce bien moral ? ». En parcourant les pages de votre magazine préféré, vous découvrirez une analyse particulièrement interpellante sur le sujet. Bien sûr, on ne fait que déplacer des pions au gré d’un jet de dés ou d’un choix stratégique justifié par l’ambition de gagner. Logique, c’est la fonction même d’un jeu de société. Mais qui sommes-nous en réalité lorsqu’on entre dans la peau de l’infirmier en charge de Billy Kerr (Holding on)? Un Docteur Jekyll qui se métamorphose en Mister Hyde? Un paisible joueur qui soudain éprouve du plaisir à décider du sort d’ouvriers, de guerriers ou des monstres? On devient mutant. On se transforme en pénétrant dans un autre monde avec une autre morale. À lire aussi, dans le même esprit, l’interview de Phil Vizcarro, l’auteur de Dany, ce jeu venu d’ailleurs qui parle de dédoublement de personnalité et des démons qui nous habitent. On ne va évidemment pas se gâcher le plaisir, mais après cela, même en découvrant la chronique consacrée à Architectes du royaume de l’Ouest, qui fait la couverture de ce Plato, on en vient à se poser la question: jouer pour la victoire ou pour la gloire, est-ce ludiquement correct?

Yves Cavalier

(Cet édito est paru dans Plato magazine n°117 de juin 2019)