Plato 165

Un temps de jeu, ça se déploie parfois sur un coin de table alors que partent les assiettes sales, sous les yeux ébahis de quelques voisins devant qui l’on vient d’ouvrir le placard aux merveilles. Ça se déploie n’importe quand lorsqu’on est adepte du jeu solo, par exemple du puzzle. C’est parfois rituel, tous les vendredis à 20h et celle qui invite prévoit de la bière brune. Cela peut être inopiné, avec une pensée émue pour toutes ces parties de Tarot dans un recoin de la fac, avec des personnes qu’on ne connaissait pas avant, qu’on ne connaît pas plus à la fin, à part leur tendance à l’impasse à l’as. Ça peut être soigneusement organisé, par les adorables bénévoles de l’association, par celui qui s’occupe toujours de la réservation du gîte pour le week-end, alors cette année, il ne fera pas EN PLUS les courses, OK ? Ou par celle qui retient la table au café ludique d’à côté.
Le titre qui fait la couverture de Plato ce mois-ci nécessite plutôt des soirées planifiées, car il demande une configuration spécifique : quatre personnes, pas plus, pas moins, amatrices de jeux complexes. Il commence à dater un peu, mais l’amour qu’on lui porte est intact. Et puis les ponts de mai sont peut-être l’occasion, enfin, de s’organiser pour pratiquer ces boîtes pour trois seulement, pour six minimum, pour six heures ou plus, celles dont les spécificités empêchent de les sortir à toute occasion.