Un poète francophone blotti dans un coin reculé de la Belgique a raconté un jour, l’histoire de cet enfant qui avait décidé de vider la mer avec une petite cuiller. Bien sûr, en dépit de son courage, jamais il n’est venu à bout de son ouvrage. Longtemps pourtant, à chaque fois que ses parents le menaient au bord de la plage pour profiter du grand air, l’enfant se remettait à la tâche avec passion et détermination. Mais, le temps passant, il a fini par renoncer parce qu’à l’âge de raison, on comprend qu’il est absurde de s’attaquer à une tâche aussi immense avec une petite cuiller. Dans ce numéro de Plato, plusieurs pages sont consacrées à ce que nous avons convenu d’appeler l’écoludie. Vaste programme que cette volonté de concilier l’écologie et l’économie de l’industrie du jeu. On parle ici d’environnement au sens large, celui qui va du respect des forêts destinées à fournir des cubes en bois à celui des droits sociaux de ceux qui les emballent dans des sachets de plastique quelque part en Chine. Jusqu’à quel point sommes-nous prêts à payer le prix qu’exigerait un plus grand respect de la planète que nous laisserons à nos enfants ?
Vaste question à laquelle chacun pourrait s’attaquer dès aujourd’hui, ne serait-ce qu’armé d’une petite cuiller.

Yves Cavalier

(Cet édito est paru dans Plato magazine n°120 d’octobre 2019)